Saturday, June 24, 2006

 
Les sept vies de Jil Jilala Après une longue traversée du désert, Jil Jilala, les idoles des seventies, semblent retrouver une nouvelle jeunesse. Preuve que ce groupe possède l’art de rebondir et de tenir tête aux coups du sort. Samedi dernier, à l’occasion de la fête de la musique, Nass Al Ghiwane mettent en transe la foule rassemblée sur la place Mohammed V, à Casablanca. Le lendemain, même lieu, même heure, c’est au tour de Jil Jilala de faire passer par le même état la même foule. Nass Al Ghiwane ou Jil Jilala en concert, ce n’est plus seulement de la musique. Ce n’est plus, non plus de la simple nostalgie. C’est un fait de société, un Mondial à part, quelque chose qui fait date. Contrairement à Lemchaheb, qui se sont très vite essoufflés, Jilala et Al Ghiwane, telle une machine qui s’emballe, fêtent, en gros, leurs 30 ans de scène. En un sens, ils rassurent. Ils assurent cette espèce de constance, presque réactionnaire qui, à l’instar de l’animateur Mostafa Alaoui ou du Raja et du Wydad, incarne une institution. Ce qui serait étonnant, c’est qu’ils prennent leur retraite. Ils sont les derniers. Les derniers à nous parler en direct des années 70. Le temps ne passe sur eux que physiquement : leurs états d’âme portent encore des pattes d’« ef » et oublient d’aller chez le coiffeur. Aux Jilala comme aux Ghiwane, nous ne demanderons au fond rien d’autre, en ces temps désenchantés, que de nous faire visiter les seventies.Une trajectoire accidentée A l’aube des seventies, cinq garçons dans le vent prennent d’assaut les scènes et les ondes. Ils s’appellent Nass Al Ghiwane et ils vont bouleverser radicalement le paysage musical, renvoyant au magasin des vieux accessoires la chanson fleur bleue. Dans la brèche ainsi ouverte, s’engouffrent quelque 2 500 formations. La vague, quand elle se retirera, emportera peu à peu la quasi-totalité des gloires éphémères. Aujourd’hui, seuls surnagent, avec Nass Al Ghiwane bien sûr, Jil Jilala. Non sans mal. Car loin d’être rectiligne, leur trajectoire est plutôt accidentée. Elle ressemble à une dramatique fertile en coups de théâtre et en fausses sorties. Reconstitution. En 1972, six kids, dont la moyenne d’âge est de vingt ans, choisissent de former un groupe musical. Ils ont pour noms Hamid Zoughi, Mohamed Saâdi, Mohamed Darham, Moulay Tahar Asbahani, Sakina Safadi, Abderrahman Paca. Ils sont unis par leur expérience antérieure des planches et leur ferme volonté de dégommer la chanson conventionnelle. Une entreprise qui s’amorce dans l’inconscience artistique totale, compte tenu du fait qu’à l’exception de Mahmoud Saâdi aucun membre du groupe n’est pourvu d’un soupçon de savoir musical. Mais l’époque sourit aux inconscients. Et voilà nos six corsaires embarqués dans la galère. Auparavant, ils se dotent d’un nom de baptême : Jil Jilala, en hommage au saint de Bagdad, Abdelkader Jilali, dont les zawyas jouent uniment un rôle spirituel et un rôle de rébellion contre l’oppression et l’injustice. Le groupe est né le 28 septembre 1972. Le 7 octobre 1972, Jil Jilala effectuent leur premier passage à la télévision. Les téléspectateurs sont d’abord déconcertés par le rythme inhabituel. Mais dans le rythme se nichent les mots. Ces mots dansent et il faut faire l’effort de les entendre, d’aller par-delà l’apparence. Et comme ils sont portés par des voix exceptionnelles, celles de Darham, de Moulay Tahar et de Sakina, le charme opère insidieusement. Les téléspectateurs sont conquis. La presse tressera des couronnes à ces amoureux des mots et de la rime, dont un des mérites, et il n’est pas moindre, est d’avoir revivifié une langue en voie - en voix - de nécrose : l’arabo-marocain. Jil Jilala en font le vecteur de leurs messages. « Ces onomatopées placées sur un rythme parfois obsessionnel, ces incantations ne me laissent pas indifférent. Le message est là. L’essentiel est qu’il doit passer. C’est ce qui me semble être le plus important, car Jil Jilala s’adressent n

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